Pour Papa, c’était un peu plus abstrait. Au tout début, il a fallu faire preuve d’imagination et même si au fil du temps les signes se multipliaient, le contact demeurait indirect, à travers la peau tendue de la sacro-sainte bedaine.

Avant de tenir mon fils dans mes bras, je n’avais qu’une idée imparfaite de l’émotion qui vient avec cette expérience unique. J’aurais souhaité que ça ne s’arrête jamais. Hélas, il a bien fallu que je le lâche pour le rendre à maman mais je pensais déjà à la prochaine fois où je le prendrais contre moi.

Je voulais qu’il apprenne à me connaître moi aussi, qu’il s’habitue à mon odeur, qu’il sente ma chaleur, qu’il sache qu’il serait toujours en sécurité contre moi. Après tout, je suis quand même, et jusqu’à nouvel ordre, la deuxième personne la plus importante de sa vie.

Le portage m’a permis de réaliser ce souhait, de créer une relation unique avec mon fils, différente de celle qu’il entretient avec sa mère. J’ai tout d’abord essayé un chandail de portage pour faire du peau à peau quand il était tout minus. Après j’ai essayé le boba (écharpe extensible) et le ring sling (écharpe à anneaux) avec lequel je ne suis pas encore tout à fait à l’aise. Puis j’ai reçu une superbe écharpe, la mienne à moi, et je la trouve super confortable. Le portage c’est aussi un moyen de tenir son bébé en toute quiétude sans avoir à souffrir de la tension musculaire qui vient forcément à un moment quand, comme moi, on ne s’appelle pas Musclor! Mais outre cet aspect pratique, c’est avant tout une chance de le garder au plus près de moi, d’entendre sa respiration s’apaiser à mon contact, de sentir sa chaleur se fondre dans la mienne.

Je ne saurais peut-être jamais ce que c’est que de porter un enfant dans mon ventre (« no uterus, no opinion ») mais au moins j’aurais eu cette chance d’expérimenter le portage qui à mon humble avis est une bien meilleure façon de vivre sa paternité que de se faire une bonne couvade. » – Benoit H.